Le redoublement, bonne ou mauvaise idée ?

Après avoir été circonscrit à des cas exceptionnels, le redoublement est à nouveau autorisé depuis 2018. Les experts pointent souvent les effets négatifs d’une telle décision, si elle n’est pas accompagnée d’autres outils pour accompagner l’élève vers la réussite.

Où en est le redoublement en France ?

La France compte parmi les pays du monde où le taux de redoublement est le plus important : près d’un tiers des élèves de 15 ans ont déjà redoublé.

Ce chiffre avait reculé lorsque le gouvernement français avait décidé de le limiter à des circonstances exceptionnelles : soit après une longue absence, soit lorsqu’une orientation souhaitée n’avait pas pu être obtenue en fin de troisième.

redoublement

Depuis un décret de février 2018, il est pourtant à nouveau autorisé. Il peut être proposé aux familles à l’école élémentaire, lorsque d’importantes difficultés d’apprentissage ont été relevées (seul un redoublement est possible durant toute la scolarité primaire d’un élève).

Au collège et au lycée, il peut être décidé par le chef d’établissement, sur avis du conseil de classe, après qu’un dispositif d’accompagnement pédagogique ait été mis en place. En théorie, un seul redoublement peut avoir lieu avant la troisième, mais un second peut être prononcé, de manière exceptionnelle, avec l’accord préalable du directeur académique.

Le redoublement est-il efficace ?

Si le redoublement a été remis à l’ordre du jour par le ministère de l’Éducation nationale, c’est parce qu’il a été estimé qu’il n’était pas censé de faire passer d’une année d’études à l’autre des élèves qui accumulent des lacunes.

Un autre point a été soulevé par les enseignants : il est parfois difficile de motiver certains élèves à travailler sans cette possibilité.

Et c’est bien là le principal problème de redoublement, qui est souvent plus perçu comme une sanction pour mauvais résultats que comme une possibilité de s’améliorer. Une perception qui impacte grandement l’estime de soi des élèves. Les études restent relativement anciennes mais laissent entendre que le redoublement, s’il peut présenter des effets positifs à court terme, est négatif à long terme : les redoublants sont plus nombreux à décrocher du système scolaire. Ils ont également une moins bonne image d’eux-mêmes, ce qui peut les gêner pour un parcours scolaire plus long, voire dans leur future vie professionnelle.

D’autres méthodes, testées surtout à l’étranger, seraient plus efficaces pour aider un élève en difficulté.

Les alternatives au redoublement

Pour le moment, en France, il existe assez peu d’alternatives au redoublement. Il peut cependant être utile de s’inspirer de ce qui se fait dans d’autres pays, et de chercher comment l’adapter.

Des examens de rattrapage sont ainsi proposés dans de nombreux pays d’Europe, permettant aux élèves de combler pendant l’été leur retard et de se présenter à nouveau pour des examens afin de démontrer leur niveau. En Italie, les écoles d’été sont même devenues obligatoires, depuis 2007, pour les élèves en difficulté.

Dans d’autres contrées, un élève peut gagner le droit de passer dans la classe supérieure s’il s’engage à suivre un programme de rattrapage dans les matières où ses résultats auront été jugés insuffisants.

Les classes à effectifs réduits, le tutorat ou la possibilité d’être suivis par le même enseignant pendant plusieurs années favorisent également la confiance en soi, et donc l’apprentissage, des apprenants.

Il apparaît donc qu’aucun mauvais résultat n’est définitif : redoublement ou non, seul un accompagnement personnalisé permettra à un élève de ne pas rester sur un échec. Les tests menés à l’étranger tendent à prouver que c’est la meilleure pratique pour qu’un élève aille au bout de son cursus. Cette donnée n’est pas encore suffisamment inscrite dans le système scolaire, mais elle deviendra peut-être, dans les années à venir, un élément essentiel de la réussite des jeunes étudiants.