Comment apprendre l’éloquence ?

L’éloquence a longtemps été considérée comme un art. Voire comme un don inné, qui ne peut pas s’apprendre, qui se développe au mieux. Mais que seules certaines personnes sont capables de maîtriser, comme les avocats. Et puis, l’éloquence a été inscrite au programme du Bac : grand oral. Tout d’un coup, savoir s’exprimer à l’oral est devenu une nécessité pour toute une jeune génération. L’éloquence peut-elle alors s’apprendre ?Eloquence

Qu’est-ce que l’éloquence ?

Même si on l’associe souvent à un certain talent de persuasion, l’éloquence c’est avant tout une bonne manière de s’exprimer. Et, pour déterminer les caractéristiques de cette bonne manière, il existe des grilles d’évaluation, celles-là mêmes qui seront utilisées par les jurys des grands oraux du bac.

Ainsi, une personne éloquente parle de manière claire, ses mots sont bien audibles, sa posture est droite. Elle sait aussi utiliser un vocabulaire adapté à la situation et à sa cible (le langage familier n’est généralement pas de rigueur). Plus encore, elle est capable d’organiser sa pensée et ses idées pour fournir un discours cohérent, qui ne s’égare pas dans des circonvolutions inutiles.

Pour apprendre l’éloquence, il faut donc travailler sur ces différents aspects.

  1. Travailler l’articulation

Parler à haute et intelligible voix, cela s’apprend. Les acteurs, comme les orateurs, musclent leur mâchoire et leur langue avec des exercices de diction. Seuls des entraînements réguliers permettent d’atteindre une diction fluide.

Répéter à plusieurs reprises, chaque jour, « un gradé dragon dégrade un dragon gradé », de plus en plus vite, n’est que l’une des étapes pour une expression claire.

Pour que l’exercice soit efficace, il ne faut pas se contenter de marmonner à voix basse. Parler à voix haute, de manière à être entendu d’un bout à l’autre de la pièce mais sans crier, permettra d’être à l’aise et naturel lorsque le moment sera venu de faire preuve d’éloquence. Grand oral

  1. Enrichir son vocabulaire

Plus le vocabulaire est riche, plus il est facile d’enrichir son discours. Cela évite de chercher ses mots et de s’embourber en voulant défendre une idée. Mais nul n’acquiert un vocabulaire étendu du jour au lendemain. Cela aussi se travaille. Et tout au long d’une vie, d’ailleurs.

Il est possible de procéder de manière presque mécanique, en apprenant un nouveau mot par jour, pioché au hasard dans le dictionnaire. Une autre technique, plus intuitive, consiste à lire la presse et à rechercher dans un dictionnaire le sens des mots inconnus, de manière à se construire au fur et à mesure un répertoire de plus en plus fourni.

Il ne faut d’ailleurs pas se contenter d’apprendre les mots, mais aussi s’entraîner à les utiliser et à les intégrer dans ses conversations. De cette manière, ils seront déjà bien appropriés lorsque le moment sera venu de faire preuve d’éloquence.

  1. Organiser sa pensée

C’est peut-être la partie la plus compliquée du travail sur l’éloquence. Pourtant, là encore, il s’agit avant tout d’entraînement. Personne ne s’improvise grand orateur du jour au lendemain, c’est à force de prendre l’habitude de défendre ses idées que quelqu’un devient bon dans ce domaine.

Donc, il faut pratiquer. Sur des sujets aussi ridicules ou incohérents qu’un parfum préféré de glace ou que la valeur d’un type de gomme par rapport à une autre. Il faut piocher ponctuellement un thème qui pourrait se prêter au débat, et ne pas hésiter à mettre autant d’ardeur à défendre les gâteaux au chocolat que l’abolition de la peine de mort. Car c’est en se lançant des défis de rhétorique que l’on devient meilleur dans cet exercice.

Par ailleurs, si les premiers exercices peuvent s’effectuer en solitaire, le regard des autres, et leurs remarques, vous aideront à devenir encore plus affûté et plus convaincant.